Quand il parle de l’Europe, Stéphane Ley a les yeux qui pétillent d’une passion sans réserve. Renforcer les liens entre l’université et l’Union européenne, promouvoir sa connaissance auprès des étudiants… Ce sont les missions de cet Européen convaincu. Rencontre, à quelques jours du scrutin pour renouveler le Parlement européen.
L’Europe a toujours fait partie de l’ADN de l’université (lire encadré). Comment se manifestent ces liens ?
Du fait de sa position, au cœur du continent, et de ses missions, les liens de notre université avec l’Europe sont naturels, anciens et profonds. Aujourd’hui, l’Unistra est affiliée à la Maison de l’Europe Strasbourg – Alsace (Mesa). Irini Tsamadou-Jacoberger, vice-présidente Relations internationales, est membre du conseil d’administration. Je suis au bureau. Mon poste, basé à la Direction des relations internationales (DRI), est une autre manifestation concrète de ce qui nous unit à l’Union européenne.
Quelles sont vos missions ?
Depuis 2010, j’assure une semaine par mois le suivi des sessions du Parlement européen : l’organe démocratique par excellence de l’Europe est notre voisin ! Mes comptes rendus, qui portent sur les questions d’enseignement comme Erasmus+, mais pas seulement, sont envoyés à l’ensemble de la DRI. Cette mission m’a permis de constituer un solide réseau. Cela me permet d’inviter des députés européens dans le cadre des conférences « L’Université de Strasbourg ouverte sur l’Europe ». Six fois par an, ils s’expriment au Collège doctoral européen devant une soixantaine de doctorants et d’étudiants internationaux, sur des sujets aussi divers que le droit d’auteur européen (Jean-Marie Cavada, Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe-ALDE), la transition énergétique (Edouard Martin, Parti social démocrate européen-PSDE), le siège du Parlement à Strasbourg (Anne Sander, Parti populaire européen-PPE), le Brexit et l’Ecosse (Alyn Smith, Royaume-Uni, Les Verts), la montée des nationalismes (Philippe Lamberts, Belgique, Les Verts)… Ce qui est intéressant, c’est que les participants sont issus des dix écoles doctorales : droit et sciences politiques, évidemment, mais aussi mathématiques, théologie… Ce sont de véritables échanges qui se mettent en place : ainsi sur la question de l’expérimentation animale, les députés avaient aussi à apprendre des jeunes chercheurs. J’organise également, pour ce public, des visites du Parlement et du Conseil de l’Europe.
En quoi est-ce important ?
Accueillir entre nos murs des expositions comme celle de la Maison de l’Europe Strasbourg – Alsace sur les élections (jusqu’au 16 mai) contribue à mieux faire connaître et créer de l’adhésion à l’Europe de la part de nos étudiants. C’est dans le même objectif que je m’adresse également aux étudiants internationaux. Chinois, Africains, Sud-Américain, etc. soulignent à chaque fois la chance qu’ont les citoyens européens. Une chance aujourd’hui menacée par l’euroscepticisme. Une partie de la clé réside dans la jeunesse : les 18-25 ans, bien que convaincus par le projet européen, s’abstiennent en nombre (seulement 28 % de votants lors du dernier scrutin) ! Leur mobilisation est cruciale, quand on sait que les décisions de l’UE impactent au moins 60 % de nos législations nationales. Un débat au sein du Parlement auquel j’ai récemment assisté sur la recherche sur les maladies orphelines le montre : c’est en alliant nos forces, notamment financières, qu’on est plus fort ! Cet exemple n’en est qu’un parmi d’autres.
Prochaine conférence grand public : « L’Europe joue-t-elle un rôle dans la géopolitique mondiale ? », Sylvain Schirmann, lundi 20 mai 2019, de 18 h 30 à 20 h, à l’Erage (Ecole des avocats du Grand Est), 4 rue Brûlée, Strasbourg
Recueilli par Elsa Collobert